La crainte des retraités face à l’effritement de leur pouvoir d’achat qui ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des années n’est pas une thématique à mettre sur la marge. En effet, indignée, cette catégorie de la population est d’accord pour affirmer qu’une baisse notable du pouvoir d’achat des retraites et pensions menace l’atteinte du seuil de précarisation dans un future proche.
Ce que disent les statistiques concernant le pouvoir d’achat des retraités
Revenons sur l’historique de cette problématique. Selon une étude menée sur l’évolution de la pauvreté (Etude Insee Première n°942, décembre 2003), il est affirmé que si la précarité a modérément baissé en France entre 1996 et 2000, la hausse de la population pauvre est en grande partie constitué de retraités. En effet, voici quelques chiffres explicatifs :
- 430000 retraités avaient un revenu mensuel inférieur au seuil de précarité se rapportant à la demi-médiane des niveaux de vie en 1996
- Ce chiffre est passé à 471 000 en 2000.
Il est à noter que cette hausse n’a pas pour seule cause l’augmentation globale du nombre de retraités évalué à environ 4% au sein de la totalité de la population avec en parallèle un accroissement de 10 % dans la population pauvre.
Elle est aussi la conséquence de la hausse du seuil de précarité au-dessus du minimum vieillesse pour une personne seule. De ce fait, les retraités touchant le minimum vieillesse sont inclus dans la statistique de la pauvreté. Beaucoup de retraités aux revenus qui évoluent doucement, car indexés sur les prix, ont été repris par le seuil à 50% de la médiane des niveaux de vie entre 1996 et 2000.
Le pouvoir d’achat des retraités : ce qu’il en est aujourd’hui ?
En juillet 2021, l’Union confédérale des retraités CGT a publié une annonce qui expliquait que 4 % d’augmentation était prévue en ce qui concerne les retraites du régime général, par contre, aucune réforme à prévoir pour les bénéficiaires de retraites complémentaires.
Il est à noter toutefois que l’inflation a connu des chiffres sans précédents durant cette année 2022. Elle a quasiment doublé et risque encore d’augmenter, passant de 5.8% en début d’année à presque 8% vers le dernier trimestre 2022 (prévision des économistes). Tous les produits de la grande consommation sont touchés, y compris les viandes et les légumes. Le citoyen lambda n’a d’autre choix que de se plier à cette hausse et de débourser plus. Malgré les efforts du gouvernement pour améliorer le pouvoir d’achat de nos retraités, il n’empeche que la situation actuelle reste défavorisante pour la plupart. L’inflation dépasse de largement la pension allouée pour la contrer, créant ainsi un déséquilibre naissant entre les besoins et les moyens. La revalorisation ne recouvre que la moitié de l’allocation touchée, ce qui vient appuyer la thèse évoquant la persistance de l’effondrement du pouvoir d’achat pour les retraités.
Qu’en est-il des retraites complémentaires ?
Les complémentaires Agirc -Arrco seront réévalués en novembre, toutefois de seulement 2,9 % déclarent les gestionnaires des organismes paritaires. Or elle regarde 11,8 millions des retraités de la CNAV et concerne en moyenne près de 50 % de la totalité de la somme des pensions mensuelles. L’AGIRC-ARRCO a actuellement 68 milliards d’euros de réserves, ce qui équivaut à 9 mois de pensions, or ces réserves doivent assurer 6 mois de pensions, d’après le système de gestion de l’organisme. Evoqué par le Figaro du 26 juin, Didier Weckner, membre du conseil d’administration de l’AGIRC-ARRCO au nom du MEDEF, a mentionné que « le paritarisme n’est pas soumis à la pression politique permanente. Nous verrons en octobre quel est le niveau d’inflation et d’évolution des salaires », le taux d’augmentation des complémentaires sera décidé en fin d’année.
À l’effritement du pouvoir d’achat des pensions vient s’additionner celles de l’épargne de précaution. En ce qui concerne la rétribution du Livret A, Bruno Le Maire a déclaré qu’elle atteindra 2 % en août. Le gouvernement avait fait chuter cette rémunération à 0,5 % en avril 2018 et l’augmentation à 1 % date seulement de février dernier. Selon la proposition du ministre des Finances, la rémunération de cette épargne ne prendra en charge que le quart de la hausse des prix, si elle atteint le seul des 8 % sur la globalité de l’année 2022.